Pourquoi écrire ?

Avant de commencer, je précise que cet article reflète mon ressenti personnel que je décompose dans l'optique de mieux vous faire comprendre ce qui se passe dans ma tête. D'autres auteurs ou autrices peuvent avoir une impression différente. Je précise aussi que j'ai essayé de tout condenser en un article : les idées négatives auxquelles je fais allusion ne sont pas omniprésentes dans mon esprit. Elles me permettent de prendre de la distance par rapport à mon travail et je suis contente de les avoir. Ne l'oubliez pas, elles m'aident à progresser !

Si vous ne vous posez pas la question, je dois admettre que je me la pose souvent. Très souvent. Ecrire est une partie importante de ma vie. Sur le long terme, mon but est de pouvoir m'y consacrer le plus possible afin d'atteindre la publication. Devenir une vraie autrice, toucher du bout du doigt l'idéal de l'écrivain. Pourtant, je dois admettre qu'écrire demande des sacrifices. Pour commencer, cela demande du temps. Beaucoup de temps. Cela demande aussi une certaine hygiène de vie pour être régulier dans l'écriture et l'avancement des projets. Mais le plus difficile, je dois l'admettre, c'est le mental. Ecrire demande une bonne dose d'obstination et de confiance en soi.

Toutes les personnes qui écrivent vous le diront, le plus dur est de faire face, d'une façon ou d'une autre, au syndrome de l'imposteur. Quelqu'un qui écrit tend à un idéal prestigieux, il cherche à atteindre un statut valorisé, sublimé par des siècles de grands écrivains et de chefs-d'oeuvres. De ce fait, beaucoup d'obstacles s'opposent à son envie d'écrire.

1. Je n'arriverai jamais à finir.

Pourquoi perdre tout ce temps ? Un des grands ennemis de l'auteur est le découragement. Je l'ai dit, écrire prend du temps. Cela nécessite le sacrifice d'innombrables heures de travail, heures qui auraient pu être consacrées à la famille, à sa profession ou simplement à la détente. Ne nous leurrons pas, à mon niveau, écrire ne rapporte pas d'argent mais demande un investissement. Ce n'est pas rentable. Dans ce cas, pourquoi continuer ? Pourquoi s'obstiner quand on sait que cela ne rapportera rien ? Parfois, alors même que je suis en train d'écrire, je me dis que je ne suis pas capable de le faire. 

2. Ce n'est pas assez bon.

Au moment du premier jet, c'est le style que l'on trouve mauvais. Au moment de la soumission à l'éditeur, c'est sur l'histoire que je me pose des questions. Et lorsque c'est publié, je me tourne vers le lectorat. Quoi qu'il arrive, cette angoisse persiste : ce n'est pas assez bon. Je n'écrirai jamais comme Dickens/Proust/Balzac... Bref, comme un génie. Moi, pauvre petite personne, ne suis pas légitime pour figurer à côté de grands noms. Je n'arrive pas à me satisfaire de ce que j'ai fait, parce que je suis en quête perpétuelle de perfection.

3. Je ne mérite pas de réussir.

Le syndrome de l'imposteur par excellence. A un moment ou à un autre, quelqu'un se rendra compte que ce que je fais n'est pas bien et tout s'effondrera comme un château de cartes.

J'ai essayé de tout regrouper dans ces trois catégories mais bien sûr, il en existe d'autres, plus subtiles ou nuancées. Ne nous le cachons pas, écrire est un exercice de pression puisque l'auteur cherche à satisfaire son public, tout son public, quel qu'il soit et en particulier son critique le plus intransigeant : lui-même. Il entreprend donc une tâche impossible. Dans ce cas, pourquoi écrire ?

Je vous répondrai d'abord par un poncif. J'écris parce que j'aime ça. J'aime raconter des histoires, solliciter mon imaginaire. Pour rester dans le cliché, je me sens mal quand je ne trouve pas le temps d'écrire. C'est un espace d'évasion qui me manque quand je n'y ai pas accès. J'aime écrire comme d'autres aiment faire du sport ou jouer aux jeux vidéos. J'aurais du mal à m'en passer pour de bon. Je ne pense d'ailleurs pas être capable de le faire.

Pourtant, cela ne justifie pas mon attachement à mes projets, mon envie de poursuivre jusqu'au bout. Si j'ai envie d'écrire, c'est parce que cela me permet d'être moi-même. Je considère, peut-être à tort, que mon corps n'est qu'une enveloppe. C'est un objet neutre, que je n'ai pas choisi, que je peux plus ou moins accessoiriser (couper mes cheveux, prendre ou perdre du poids, sélectionner mes vêtements...) mais qui ne correspond pas à qui je suis à l'intérieur. Quand j'écris, c'est le vrai moi qui parle. Lorsque nous sommes en présence de quelqu'un, quel que soit la personne, nous n'agissons pas en tant que nous-mêmes mais par rapport à l'autre, en rentrant dans un rôle : la fille, la soeur, l'épouse, l'amie, la femme... et même l'autrice. Au moment où j'écris, tout cela s'efface. Je suis moi. C'est une sensation de liberté que je n'ai jamais ressentie autrement. Ecrire, c'est être libre.

C'est aussi la liberté dans le sens où l'écriture me permet de me rendre où je le désire. Elle me permet de me révolter contre ce que je trouve injuste dans le monde qui m'entoure, de rêver à des lieux que je n'ai jamais vus, de visiter des contrées inconnues. Malgré mon syndrome de l'imposteur, je suis sûre que c'est ce pour quoi je suis douée, le domaine dans lequel je peux réussir non seulement professionnellement, mais aussi en m'épanouissant de façon personnelle.

Avec le temps, une notion de devoir s'est aussi construite autour de l'écriture. Non pas un devoir envers moi-même ou un lectorat (peut-être que ça viendra plus tard ? Je l'ignore) mais envers mes personnages. Lorsque j'étais adolescente, j'écrivais sans réfléchir, sans y penser. Aujourd'hui, mes histoires sont pensées, réfléchies. La différence ? Avec chaque nouvelle, je crée un univers nouveau, développé, auquel j'ai envie de rendre justice. Les personnages en sont le pilier. Je les aime parce que je les comprends. Leur donner vie, les rendre crédibles par mes mots est une tâche ardue mais passionnante.

Je crois que je pourrais vous donner encore des dizaines de raisons, mais les principales sont regroupées ici. Quoi qu'il en soit, vous vous en doutez, je ne compte pas renoncer ! Ecrire, je suis fière de le dire, est ma passion la plus profonde. C'est ce qui me permet de m'épanouir dans la vie ! Je vous souhaite de tout coeur, à vous aussi, d'avoir quelque chose qui vous entraîne vers l'avant chaque jour, qui vous rend heureux. N'hésitez pas à donner votre avis ou partager votre expérience sur le sujet !