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Au fil des étoiles
20 février 2017

La relecture

Musée des arts forains 212

Je ferai un autre article (bien plus long) sur le premier jet, mais j'aimerais aujourd'hui poursuivre dans la lignée du "pourquoi écrire sans fautes" que je vous ai posté il y a quelques semaines. Aujourd'hui, je vous parlerai donc de la nécessité de la relecture et de sa mise en oeuvre.

1. Pourquoi se relire ?

Outre les bourdes habituelles et les erreurs d'accord, la relecture me semble être un exercice nécessaire pour plusieurs raisons. La première est tout simplement celle du perfectionnement. Quoi que nous fassions, il est rare que nous donnions le meilleur de nous-mêmes lorsque nous l'accomplissons une première fois. Déjà parce que tout est nouveau, ensuite parce que nous devons acquérir des gestes techniques, pratiques. Imaginez un carreleur qui serait jugé sur le première fois où il a posé un carrelage : il y aurait forcément des ratés. L'écriture répond à une exigence similaire. Lorsque j'écris un premier jet, je me laisse porter par l'histoire, quelle qu'elle soit. Je ne cherche pas à donner le meilleur de moi-même, je cherche à rendre ce que je ressens, ce que je pense. Une de mes erreurs les plus courantes consiste, sur le moment, à employer un mot pour un autre de structure proche (exemple : intention/attention). Je ne prends pas le temps de chercher lequel je dois employer : je pioche au hasard celui qui vient en me faisant confiance pour déceler l'erreur à la relecture, et je me laisse porter par le récit. Le premier jet recèle une énergie, une poussée vers l'avant qu'il est très difficile de retrouver si elle est perdue ; ma priorité, c'est de conserver cet élan.

La relecture revêt donc toute son importance car elle permet de me perfectionner. Lorsque je soumets un texte à un éditeur, je ne me contente pas de me dire que ce que j'ai écrit est parfait (c'est souvent le contraire). Ce que je cherche à faire, c'est montrer mes compétences, mettre en avant ce que je peux faire de mieux. Parce que je sais que je n'ai qu'une chance de convaincre. Bien sûr, il faut savoir s'arrêter, mais rester sur ce que j'ai produit d'instinct ? Je n'ai jamais pris ce risque. Je préfère relire chaque phrase avec attention en essayant de me demander si ce que j'ai fait est le meilleur que je pouvais fournir. Lorsque je suis plus ou moins satisfaite, je sais que j'ai fait quelque chose de potable... Avant d'avoir le retour de mes bêta-lecteurs (mais ça c'est une autre histoire).

2. Première relecture

En général, j'effectue au moins trois relectures par nouvelle soumise. La première, je l'effectue quelques jours après avoir fini de rédiger mon premier jet, jamais dans l'immédiat. Le principe est de laisser le texte "reposer" pour pouvoir l'aborder avec un regard neuf. Je le relis en essayant de m'arrêter le moins possible. Cette première relecture me permet bien sûr de relever les plus grosses coquilles, mais elle est surtout consacrée à l'intrigue. Je vérifie la cohérence d'ensemble de mon texte et je cherche à repérer les failles scénaristiques. Il y en a toujours. Exemple cliché : pourquoi l'homme cherche-t-il à quitter l'auberge alors que son épée surpuissante se trouve dans sa chambre à l'étage ? Cela me permet de retravailler mes personnages et de les rendre plus réalistes. Car le lecteur cherche quelque chose en quoi croire, qui fasse sens. On retrouve la même attitude face aux jeux vidéos : le personnage doit aller récupérer un tabouret plutôt que d'enjamber une marche un peu haute. Ces erreurs, inhérentes à l'intrigue, sont à mon avis rédhibitoires auprès des éditeurs.

3. Deuxième relecture

La deuxième relecture est consacrée au style. Je cherche à rendre avec précision chaque parcelle de texte que j'ai écrit. En lisant les phrases, je m'interroge sur l'utilité des mots, la façon dont je pourrais les modifier pour qu'ils correspondent mieux à ce que j'ai en tête. Je fais attention à la ponctuation, aux adverbes, à l'emploi des verbes, à la lourdeur des phrases. J'essaie de donner une cohésion à mon texte, mais aussi de varier mes formulations. A ce stade, le texte commence à ressembler à quelque chose. Je le laisse une deuxième fois "reposer" pour m'en détacher. Deux relectures successives nuisent à mon objectivité et j'ai besoin de la retrouver.

4. Troisième relecture

Cette dernière relecture a lieu juste avant l'envoi à mes bêta-lecteurs. Elle est plus rapide, comme une dernière vérification. Elle a lieu parce qu'au fil des relectures successives, mon texte a changé d'aspect par rapport à la première version. Je vérifie non seulement les dernières répétitions ou éventuelles fautes (même si elles se font rares à ce stade), mais mon souci principal est de conserver la spontanéité que j'ai essayé de mettre en place pendant mon premier jet. Un texte, aussi amélioré soit-il, ne peut le rester s'il ne recèle pas d'une source d'humanité. Je vérifie que cette humanité est restée présente, que mon texte n'est pas devenu mécanique, sans intérêt.

5. La relecture bonus

La relecture bonus a lieu après le retour de mes bêta-lecteurs. C'est la relecture la plus rapide parce qu'à ce stade, on approche du moment de la soumission. Et le but, c'est aussi de ne pas me laisser le temps de douter et de renoncer. Soummettre mon travail est sans doute l'étape la plus difficile, parce qu'après ce travail, j'ai conscience que mon texte peut toujours être refusé (et même a de fortes chances de l'être). Si je me laisse tenter, je peux entrer dans une spirale sans fin de relectures infinies avant de renoncer tout simplement à participer à l'appel à textes que j'ai choisi. La dernière relecture est donc la plus rapide. Je corrige mon texte en fonction des retours que j'ai eus quand je suis d'accord avec ce qu'on me signale. Je modifie encore quelques petits détails par moi-même, mais le moins possible... Et je suis prête pour un prochain appel à textes !

 

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