Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au fil des étoiles
11 décembre 2016

Sortie de ma troisième nouvelle !

P1080174

Ma troisième nouvelle, "le parcheminateur", est sortie ! Vous la retrouverez dans le numéro 9 de la revue Etherval consacré à l'invention révolutionnaire, et j'en suis très fière pour plusieurs raisons. D'abord, elle est illustrée ! C'est la première fois que quelqu'un dessine à propos de ce que j'écris, et je trouve le travail accompli admirable. Les deux illustrations sont vraiment intéressantes, la première en particulier, qui représente le fameux parcheminateur. Cela correspond à ce que j'avais imaginé, c'est formidable ! L'illustrateur, Marc Dufosset, est très talentueux, je laisse un lien vers son site pour que vous puissiez vous faire une idée : portfolio.

L'autre raison pour laquelle je me réjouis de la sortie de cette nouvelle est que je l'ai travaillée et retravaillée ! J'ai l'impression d'avoir beaucoup appris et beaucoup progressé grâce à son écriture. De plus, l'histoire me tenait particulièrement à coeur. C'est une des nouvelles pour lesquelles j'étais prête à me battre en cas de refus, ou à soumettre ailleurs si elle n'était pas acceptée. J'étais certaine qu'elle avait un potentiel ! J'espère qu'elle vous plaira, je me suis investie dans son écriture, c'est le moins qu'on puisse dire.

Je tiens aussi à remercier toute l'équipe d'Etherval et en particulier Andréa Deslacs (elle aussi auteur, jetez un oeil, elle fait des choses formidables et elle vient de publier le début d'une série de gas light fantasy !) pour son soutien, son suivi dans les différentes étapes de la construction du texte, et sa compréhension dans les délais de correction. Je vous laisse avec un extrait !

***

            Frère Alban remonta le mécanisme avec application. Il vérifia que les engrenages fonctionnaient, que la prise en main favorisait une meilleure stabilité, que tout s’enchaînait. C’était le cas. Le moine s’assura de la position des parchemins sur la table. Sous sa paume, une douce chaleur émanait de l’appareil. Il l’avait voulu souple, agréable au toucher. À première vue, la plume ressemblait à n’importe quelle autre. On ne découvrait les fines armatures de métal et le minuscule boîtier de commande qu’en s’approchant. Frère Alban appuya sur un bouton, puis le suivant. Les rouages s’enclenchèrent. Cette fois, peut-être... Le moine envoya une prière silencieuse au ciel. S’il réussissait...

            Il s’était privé pendant des semaines. Il avait multiplié les tentatives. Chaque seconde menait à cet instant ; sa vie, ses espoirs... Frère Alban avait perdu du temps, tellement de temps ! Plus que tout, il craignait d’avoir fait cela pour rien. Il avait appris la mécanique, les arcanes, passé des nuits d’insomnie à concevoir des plans et écoulé des journées à réfléchir à une façon d’obtenir des résultats. Il savait que son idée en valait la peine ; il lui suffisait de la mettre en œuvre. Il ne manquait que la magie, beaucoup de magie.

            Alban économisait ses rations depuis des jours. Il s’était privé jusqu’à l’obsession. Pas de chauffage, pas de confort, pas de lumière... Il s’était levé avant le reste du dortoir pour profiter des premières lueurs de l’aube. Il s’était obligé à manger sa nourriture froide, à se coucher tellement tôt que c’en était ridicule. Il voulait s’isoler des autres et il ne pouvait pas se permettre de dépenser de la magie pour s’éclairer. Les bougies auraient paru suspectes. Il avait travaillé à sa machine sous la lune. Frère Alban avait surtout sacrifié l’essentiel : son temps libre.

            On l’avait toujours pris pour un paresseux. Depuis qu’il était né. Même dans le scriptorium, sa réputation continuait de le précéder. On le disait lent, incapable de copier à la bonne vitesse. Calomnies. Frère Alban se savait le plus rapide ; il employait son temps d’une façon différente, rien de plus. Quand les autres se penchaient sur leur parchemin pour transcrire chaque lettre, chaque signe avec une minutie scrupuleuse, il travaillait avec simplicité et efficacité.

            D’ordinaire il lui restait une heure en fin de journée. Une heure pour écrire. Frère Alban se démarquait des autres moines par son talent ; il écrivait des histoires. Il inventait des personnages hauts en couleur, rêvait des aventures extraordinaires et des romances improbables. C’était sa passion. Sa vie. Il n’en avait jamais parlé à personne. Il n’en éprouvait pas le besoin. Ses récits lui plaisaient ; cela lui suffisait.

            Frère Alban prit une profonde inspiration. Il ne pouvait pas retarder le moment plus longtemps. Il devait savoir. La ration de magie s’encastrait dans son compartiment, à sa place. Combien en avait-il sacrifié pour son grand projet ? Il préférait ne pas y penser. Il avait enchaîné plus d’une centaine d’essais. Celui-ci devait être le bon. Celui-ci... Frère Alban vérifia une dernière fois le mécanisme et se saisit de la plume. Il ne lui restait qu’à écrire.

Publicité
Publicité
Commentaires
Au fil des étoiles
  • Bienvenue sur le blog d'Ambre Melifol, auteur de l'imaginaire ! Venez suivre mon parcours vers l'édition, une tentative après l'autre. Textes rejetés, admis, appels à texte en attente... Tout est là ! Merci de votre soutien !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Publicité