Les livres qui ont changé ma façon d'écrire (7) : Fabien Clavel

A l'approche des Imaginales, j'ai décidé aujourd'hui de consacrer ce billet non pas à une oeuvre, mais à un auteur que j'admire depuis dix ans : Fabien Clavel. C'est le premier auteur français de littérature de l'imaginaire qui a changé ma façon d'écrire. Son impact est aussi important que les influences anglo-saxonnes dont j'ai pu vous parler jusqu'à présent. Pourquoi en parler seulement maintenant ? Pourquoi les auteurs français ne sont-ils pas plus présents sur ce blog ? Parce que la fantasy est un genre né en Angleterre et aux Etats-Unis. Les grands classiques qui m'ont marquée sont souvent les premiers que j'ai lus, ceux qu'on retrouve mis en valeur dans les librairies. La littérature de genre reste encore (à tort, je pense), majoritairement décriée en France. Fabien Clavel est, à mon sens, un exemple parmi d'autres d'un écrivain qui mériterait d'être valorisé et connu, mais qui ne l'est pas parce qu'il n'écrit pas de littérature blanche.

Le premier livre que j'ai lu de lui, l'Antilégende, m'a captivée et m'a poussée à me procurer la suite de ses oeuvres pour adultes (il a aussi écrit pour les plus jeunes). Au fur et à mesure du temps, je me suis constitué une bibliothèque consacrée à cet auteur. Ce qui me frappe encore aujourd'hui, c'est son style précis et érudit, beau. Il utilise un lexique impressionnant avec un naturel qui l'empêche d'être pédant. Fabien Clavel a été le premier à me faire comprendre que le style n'était pas l'apanage des grands classiques que je commençais à découvrir. Un auteur actuel pouvait en avoir un. J'ai plus ou moins aimé chacune des histoires que j'ai découvertes, mais mon admiration pour ce style net, presque ciselé, n'a jamais faibli.

En quoi cela a-t-il changé mon écriture ? Fabien Clavel m'a montré que l'exigence forgeait le style au même titre que la simplicité. Que rester accessible était une question de formulation, de travail, et pas de lexique. Que je ne devais pas renoncer à un mot compliqué par peur qu'il ne soit pas compris, et que l'érudition peut être la force d'un texte plutôt que son ennemi, si on l'emploie avec tact. Il m'a aussi permis de faire le lien entre la littérature classique qui constitue la majeure partie de mon éducation et les littératures de l'imaginaire. Ces deux pans qui forgent ma personnalité nourrissent mon écriture de façon égale et j'assume ces deux sources parce que les oeuvres de Fabien Clavel en sont issues dans un équilibre admirable.