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Au fil des étoiles
11 mars 2020

Série : The man in the high castle (le maître du haut château)

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Oui, je sais, cette série vient d'un livre. Et comme pour la plupart des séries que je regarde, j'ai lu le livre avant. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé le Maître du haut château (au contraire). Par contre, et c'est un cas unique, je peux affirmer avec certitude que j'ai préféré la série. J'ai tout vu, je vais donc commencer par une partie sans spoil et une partie spoiler.

[sans spoil]

La série reprend certains personnages du livre, en rajoute d'autres... En réalité, l'ouvrage de Philip K. Dick présentait davantage un concept, un univers, une hypothèse qu'une histoire. La série reprend les tensions du livre, les problématise et les accentue par rapport à des personnages attachants et forts. Il est impossible que tous réussissent, et pourtant on leur souhaite tous, d'une façon ou d'une autre, de réussir.

Sans m'attarder dessus, les rebondissements et, sur la fin, les théories wtf devenues crédibles par la force scénaristique m'ont coupé le souffle. Sincèrement. Cela faisait très longtemps que je ne m'étais plus sentie aussi enthousiaste pour une série, ou que je l'ai attendue avec hâte.

Outre les personnages, l'univers lui-même reste riche et attise la curiosité. On a envie d'observer ce monde dans ses différentes facettes, une région à la fois, et l'intelligence de la série consiste à ne jamais trop en dévoiler, en passant à un autre endroit sans totalement en faire le tour pour conserver la curiosité intacte tout en évitant la frustration.

A cela s'ajoute la qualité visuelle de l'oeuvre. C'est du cinéma, clairement. Chaque plan est travaillé, léché, préparé avec soin. Les scènes marquantes le sont aussi par l'ambiance, la qualité de l'image, le choix du cadre et des couleurs. Pour une fois, passer de l'imagination à une représentation concrète est un atout positif.

Enfin, le concept d'adaptation de base relève, selon moi, du génie. Dans le livre, la mise en abime de vase consistait à ce que les gens se passent un livre qui dit que les alliés ont gagné la Seconde Guerre mondiale sous la manche, dans un univers où le Japon et et les nazis se sont partagé le monde. Dans la série, ce sont des bobines de film qui circulent. Cette simple transposition crée de nouveaux enjeux et rend plus intense le lien qui existe entre nos deux mondes.

[avec spoiler]

Cette série a également eu le bonheur de ne pas faire la saison de trop. Elle s'est arrêtée trop tôt à mon goût, bien sûr, mais elle a bien fait. La fin ouverte, avec ces ombres qui se présentent, ce passage vers un nouvel univers, m'a satisfait au plus haut point. On laisse la porte ouverte (c'est le cas de le dire) à autre chose, et en même temps, les enjeux principaux sont résolus. Là encore, c'est assez rare que je considère une fin de série comme réussie.

Par ailleurs, je retiendrai comme marquant et frappant le sacrifice volontaire de Thomas Smith et ses conséquences, entre vrai sentiment patriotique (complètement stupide, et ce manque de commentaire face à cet acte gratuit et inutile le rend plus frappant encore) et instrumentalisation exagérée. J'ai été touchée par le jeu d'acteur, la mise en scène, la réaction impuissante des parents qui ont créé le système qui envoie leur fils à la mort... De façon générale, la famille Smith est un des meilleurs apports de cette série.

La mise en scène d'Hitler, de ses proches et ses conséquences constitue cependant un passage important selon moi (c'est mon seul bémol), non plus dans la série mais dans la représentation de notre époque. Je suis personnellement encore choquée des exactions nazies (entre autres, mais surtout elles) durant la Seconde Guerre mondiale, mais elles sont de plus en plus souvent évoquées (parfois bien, parfois mal) dans les contenus fictionnels de notre époque. Cela m'interroge. J'avoue que je n'ai pas grand-chose d'autre à ajouter, mais cela pose la question de la mémoire historique, et encore une fois de l'instrumentalisation... A l'inverse, calquer des enjeux actuels sur cette série ne m'a pas toujours paru pertinent, mais cela me semble aussi inévitable.

En résumé, je ne peux que vous recommander cette série. Sur le plan personnel, elle illustre la nécessité (c'est une de mes difficultés) de dramatiser mes récits. Il ne suffit pas d'un cadre, de personnages, d'une esthétique ou d'une bonne idée, un récit doit former un tout cohérent et attachant. Je tâcherai de m'en souvenir par la suite !

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