Pourquoi je n'ai plus écrit de nouvelles depuis quelques temps

Ces derniers temps, j'ai déjà parlé avec vous de ma volonté de passer à un stade supérieur dans ma carrière d'autrice (si tant est qu'une maison d'édition m'accorde sa confiance), mais j'avais pour projet de continuer, si possible, à écrire pour des anthologies comme je le faisais jusqu'à présent. Cette volonté est mise à mal pour diverses raisons.

La première m'est déjà arrivée : les thèmes, plus rares, ne m'inspirent pas. Je pense que travailler uniquement pour des anthologies est une bonne idée. D'ordinaire, je cherche aussi une rémunération (pas forcément obligatoire), par principe : l'écriture devrait être considérée comme un travail pour l'auteur comme pour la maison d'édition.

Cependant, je me rends compte que la publication d'une anthologie de nouvelles constitue une prise de risque : diviser les droits n'est pas la seule obligation à laquelle les maisons font face. Pour un éditeur, souvent un petit éditeur, cela signifie traiter avec plusieurs personnes : s'adapter à tous, proposer un suivi personnalisé, s'occuper des préoccupations de chacun... Et surtout, cela multiplie les chances que quelque chose ne fonctionne pas. Retards de correction, exigences spécifiques... Au-delà du tri qu'il faut effectuer, gérer plusieurs auteurs doit s'avérer plus compliqué qu'un seul.

De plus, en terme de succès, les anthologies de nouvelles pour adultes ont moins de chances d'atteindre le succès. Si elles sont écrites en lien avec un festival, je pense qu'elles trouveront toujours preneur. Mais de façon générale, les anthologies sont moins appréciées que les romans.

De mon point de vue, elles sont cependant indispensables car elles permettent de découvrir de nouveaux auteurs. Moi-même, je n'aurais jamais pu évoluer comme je l'ai fait sans passer par la nouvelle. C'est un support particulier, très instructif, grâce auquel je me suis construit.

J'aimerais rendre hommage à ces petites maisons qui, par passion, prennent le risque de continuer à publier des anthologies de nouvelles dans le domaine des littératures de l'imaginaire. Bravo à elles. Elles permettent de découvrir des pépites, elles s'investissent pour donner une chance à d'autres.

Pour ma part, je tenterai de nouveau ma chance si j'ai un coup de coeur, mais j'ai l'impression qu'il est temps pour moi de passer le flambeau. C'est aussi une question de perception de soi : je vise des choses différentes et je ne veux pas m'enfermer dans un modèle. J'y reviendrai sans doute un jour !