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Au fil des étoiles
18 juillet 2016

Les livres qui ont changé ma façon d'écrire (1) : On writing, Stephen King

Noël jardins ouvriers 173

Avant de commencer, je tiens à préciser que Stephen King fait partie de mes grosses lacunes en tant que lectrice. Je n'ai pas lu Shining, ni la Tour Sombre, ni... Ni quoi que ce soit, en réalité. Une nouvelle ou deux, peut-être ? Je n'en mettrais pas ma main à couper. Vous l'aurez compris, ce n'est pas mon auteur favori. Pourtant, Stephen King n'a pas volé sa place dans cette série d'articles ; au contraire, il mérite celle de champion. Si quelqu'un m'arrêtait dans la rue pour me demander quoi lire quand on veut se lancer dans l'écriture, je citerais ce livre en premier (oui, avant le Seigneur des anneaux). Je ne sais plus comment j'ai mis la main dessus. Je me suis toujours intéressée aux ouvrages de conseil aux auteurs. J'en ai lu plusieurs, en particulier ceux d'Orson Scott Card sur la littérature de l'imaginaire (que je ne vous recommande pas d'ailleurs, sauf si vous voulez ressasser des clichés comme "construisez un univers cohérent"... Sans rire ?). Pour être honnête, aucun ne m'avait convaincue. Je restais dubitative concernant l'effet miracle prôné sur les sites internet ou même les recommandations d'écrivains reconnus (pour le coup, j'ai lu la fiction d'Orson Scott Card et elle est à tomber, raison pour laquelle j'avais acheté ses livres de conseil au départ). Lorsque j'ai découvert On writing, ma réaction a été la suivante : "Meh... Après tout pourquoi pas, au moins j'aurais lu un Stephen King dans ma vie". Bref, j'étais loin de l'enthousiasme ultime.

Cher lecteur, j'avais tort. Tu as tort aussi si tu n'as jamais ouvert ce livre ; il pourrait t'être utile même pour écrire ta liste de courses (bon d'accord j'exagère, mais à peine). On writing (Ecriture : Mémoires d'un métier en français, oui cette traduction ne vend pas du rêve) a constitué un déclic dans ma façon d'écrire. Je pense que si certaines de mes nouvelles sont publiées aujourd'hui, c'est entre autres grâce à lui. L'ouvrage se divise en deux parties qui se croisent plus ou moins : une autobiographique dans laquelle Stephen King nous explique comment il est devenu écrivain, une pratique comprenant des conseils sur l'écriture. Ce mélange riche d'enseignements sur plusieurs degrés mérite d'être lu. Mais ce n'est pas cela qui le hisse en première place : c'est son aspect concret. Quand un autre livre aurait tendance à titrer "créer de la tension", Stephen King écrira "fais des phrases courtes", ou "relis-toi". Des choses que tout le monde peut faire quel que soit le type d'écrit, quel que soit son but (oui, je peux faire des phrases courtes et me relire quand je fais ma liste de course, c'est à mon niveau). Qu'est-ce que ce livre a changé dans ma façon d'écrire ? Quand même pas tout. Mais il m'a appris deux ou trois trucs. J'en ai fait une sélection.

 

1. De l'importance de se mettre au travail

Ceux qui me connaissent doivent bien rigoler en lisant ce titre. Avouons-le, je ne suis pas la dernière quand il s'agit d'enchaîner les heures avec abnégation... Dans ma vie professionnelle. Pour moi, l'écriture était une passion, par extension une chose à laquelle on consacre du temps qu'on pourrait utiliser ailleurs et donc... Un loisir. Stephen King m'a révélé l'étendue de mon ignorance. Ecrire, c'est un travail. Il s'agit de produire quelque chose qui puisse être lu par tout le monde. Ca vous paraît évident ? Ca ne l'était pas pour moi. Aujourd'hui, quand j'écris, j'ai conscience que ce n'est pas le talent qui prévaut, ou la muse, mais bien l'investissement que je mets dans un texte jusqu'à ce qu'il me semble correct.

 

2. Pour bien écrire, il faut lire

Pour le coup, j'en étais convaincue depuis des années. Le voir écrit noir sur blanc par un écrivain reconnu m'a rassurée. Chaque livre est une nouvelle expérience, une source d'inspiration ou au contraire un exemple des choses à éviter.

 

3. Elaguer

Avant de lire On writing, je considérais que chaque mot que j'avais écrit avait une raison d'être, une place précise et inaliénable dans mes textes. Si j'avais écrit cette phrase ici, ce n'était pas au hasard ; qu'elle ne sonne plus juste à la relecture signifiait qu'il fallait que je la retravaille. J'ai perdu des heures comme ça (encore aujourd'hui, j'en suis sûre). Ce livre m'a fait comprendre que parfois, j'écrivais des phrases bateau. Exemple : "Non, je ne crois pas" / "Mais c'est impossible" / "Ce n'est pas le cas". Ce genre d'automatisme alourdit un texte et empêche le vrai message de passer. M'en rendre compte m'a apporté de l'humilité (mes textes ne sont pas sacrés et les modifier n'est pas une insulte, au contraire) et m'a surtout simplifié la vie. Quand je vois une phrase de ce type je ne la modifie plus, je la barre et je passe à autre chose.

 

4. Les adverbes

C'est ce qui a provoqué le gros changement dans mon écriture. Je dirais même que c'est le conseil le plus important de ma vie. Pour résumer, Stephen King explique comment il s'est lancé dans la guerre contre les adverbes. A quel point les -ly (-ement en français) sont dangereux pour le lecture, alourdissent les phrases. Ce n'était pas la première fois que je lisais un conseil de ce genre mais 1. je suis bornée quand je veux. 2. je n'étais pas convaincue. 3. J'ADORE les adverbes. J'en mettrais partout, d'ailleurs je vais en mettre partout ici pour compenser : secrètement, doucement, mystérieusement, amoureusement, traitreusement, amicalement, gentiment, clairement, tendrement, violemment, durement, méchamment, étrangement, seulement et mon préféré d'entre tous les préférés : vraiment.

Mais voilà, Stephen King n'était pas d'accord (spoiler : il avait raison). Sauf qu'il ne m'a pas abandonnée à mon sort avec un simple conseil : il m'a montré. Sur plusieurs pages d'On writing, l'auteur décortique des phrases tirées de ses romans, une fois avec adverbe, une fois sans. Et à la fin, il écrit ce conseil tout bête, auquel je n'avais pas pensé, auquel personne ne pense mais qui change tout : quand tu écris un adverbe, relis ta phrase et demande-toi si elle pourrait s'en passer. Si c'est le cas, supprime-le.

Vous la voyez venir la révélation ? Parce que moi sur le moment non. Je me suis dit que c'était stupide. Dans mon esprit, il y avait un fossé entre "la porte s'ouvrit doucement et Jean se faufila à l'intérieur" et "la porte s'ouvrit et Jean se faufila à l'intérieur". On perdait cette nuance, cette discrétion, ce... Ah ben non, en fait. C'était la même chose. EXACTEMENT la même chose (pour employer un adverbe et vous prouver que non ils ne servent à rien puisque je ne fais que répéter ce que j'ai affirmé à la phrase précédente et qu'elles ont toutes deux le même sens *halètement essouflé*). Bam. Révélation. Impossible de revenir en arrière, d'effacer ce que j'avais lu : mon cerveau s'était mis en mouvement...

Et j'ai parcouru d'anciens textes. Ce fut un moment dramatique, tragique, shakespearien (oui, j'ose). Il y en avait PARTOUT. Dans chaque phrase, parfois plusieurs. VRAIMENT ; combien de fois ai-je vu ce mot ? Des centaines. Comment avait-je fait pour l'ignorer ? Tablons sur l'inexpérience... Je me suis sentie ridicule. Pire, je me suis dit que je n'y arriverai jamais. Que j'étais mauvaise. Qu'écrire était un beau rêve, mais que j'étais incapable de le réaliser.

Stephen King ne m'a pas laissé tomber. Vous vous souvenez du conseil numéro 1 ? Moi oui. J'ai travaillé. J'ai repris chaque texte qui avait de la valeur pour moi, chaque phrase, chaque page. J'ai supprimé. J'ai perdu des centaines, des milliers de signes inutiles. J'ai commencé à faire attention durant les nouvelles rédactions, les relectures... Je ne me débarrasserai jamais des adverbes. Certains sont essentiels. Mais je les évite. Aujourd'hui je me sens reconnaissante d'avoir eu cette prise de conscience. Mon écriture est plus fluide, plus sobre... Et on m'a publiée. Merci Stephen King.

 

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